Invité à présenter l’un de ses films fétiches dans le cadre de la désormais traditionnelle Carte blanche du FIFF à un festival suisse, Olivier Père, directeur artistique du Festival del Film Locarno, a choisi l’un des chefs-d’œuvre américains du cinéaste d’origine tchèque Ivan Passer: Cutter’s Way (1981), polar érigé sur les décombres de la guerre du Vietnam et dans les recoins ténébreux de l’arrogance occidentale.
Heureuse d’avoir déniché une copie numérique restaurée de ce monument un peu oublié qui offrit l’un de ses plus beaux rôles au comédien Jeff Bridges, la direction artistique du FIFF s’est mise à rêver: et si Ivan Passer lui-même venait assister à l’hommage que lui rendra Olivier Père à Fribourg? A 78 ans, le réalisateur, installé à Los Angeles depuis qu’il a fui la Tchécoslovaquie après la répression du Printemps de Prague en 1969, a tout de suite répondu oui et a également accepté avec enthousiasme l’idée de donner une Masterclass.
Vendredi 30 mars à midi, au lendemain de la projection de Cutter’s Way en sa présence, l’assistant réalisateur et coscénariste des premiers films de son compatriote Milos Forman (Audition, 1963; If Only They Ain’t Had Them Bands, 1964; L’As de pique/ Cerný Petr, 1964; Loves of a Blonde, 1965; The Fireman’s Ball, 1967) racontera son cinéma et ce parcours qui vit son deuxième film comme réalisateur,Fádní odpoledne (Un Après-Midi fade), remporter le Grand Prix du Festival del Film Locarno 1966… Le rideau de fer, l’exil, Hollywood, la lutte pour l’indépendance dans un système commercial: c’est donc, en réalisant le vœu d’Olivier Père, une boucle qui se bouclera à Fribourg avec un cinéaste qui, selon ses proches collaborateurs, n’a pas son pareil pour évoquer avec générosité un des pans les plus passionnants de l’histoire du cinéma moderne.