
Si l’inattendu est le maître mot depuis près d’un an et demi, la 35e édition du Festival International de Films de Fribourg (FIFF), qui se tiendra du 16 au 25 juillet, sera elle aussi ponctuée de surprises, mais cinématographiques et réjouissantes. 139 films en provenance de 51 pays de tous les continents seront à découvrir au cinéma ou en plein air au FIFF cet été. Étienne Daho, tout comme Guillermo del Toro, donneront chacun une masterclass. Découvreur de talents, le Festival propose 6 premières mondiales, 3 internationales, 6 européennes et 38 premières suisses. La production nationale est également mise en lumière avec 27 films suisses. Billetterie et programme complet sur fiff.ch.
Un tour du monde en 139 films
Les douze longs métrages et les seize courts métrages des Compétitions internationales sont autant d’incursions fortes en Asie, Afrique, Amérique latine et Europe de l’Est. Le FIFF dédie sa section Nouveau territoire au Rwanda pour découvrir l’un des pays à la cinématographie la plus jeune du monde. Le cinéma du Mexique est mis en lumière grâce aux votes de 43 cinéastes du pays, dont Alejandro González Iñarritu : l’occasion de (re)découvrir le somptueux Los olvidados de Luis Buñuel (primé à Cannes en 1951). Et ce n’est pas tout, Guillermo del Toro, qui a également participé au panel, donnera en visioconférence depuis Hollywood une masterclass ouverte au public (entrée libre).
En plus d’un week-end commun avec le festival de musique Les Georges, la section Cinéma de genre : Musique ! porte un intitulé qui dit tout : les notes vont déferler sur les écrans du FIFF. La nouvelle section intitulée Les désirs du public est programmée par le public, avec cinq comédies musicales cultes choisies par des centaines de votant·es. Expérience inédite : des binômes, choisis parmi les volontaires du public, présenteront ces séances. Deux grandes personnalités de la musique s’emparent des cartes blanches : le roi de la pop française Étienne Daho – qui donnera une masterclass samedi 24 juillet et présentera ses films fétiches, qui, tous, questionnent à la folie l’identité sexuelle et la liberté – et la comédienne et figure montante du hip-hop suisse Karine Guignard, alias La Gale, avec des films engagés sur le Liban et la Palestine, pays qui retombent malheureusement toujours dans l’oubli entre deux explosions de violence.
Le voyage du FIFF se fait aussi en famille, avec la section Découvertes en famille, et ce à prix tout doux (films de la section à CHF 8.– pour les -16 ans) : des courts métrages sans dialogues dès 4 ans, le chef-d’œuvre de 1939 Le Magicien d’Oz (dès 6-7 ans), l’épopée picaresque de fans de football dans Africa United (dès 9 ans), ou encore un film de superhéros indonésien, Gundala (dès 14 ans). Pour les adultes les plus téméraires, les Séances de minuit raviront les fanas de dingueries sud-coréennes (The Odd Family : Zombie on Sale, Night of the Undead), de bizarreries finlandaises (NIMBY – not in my backyard) ou de westerns australiens stroboscopiques (True History of the Kelly Gang). En guise de Film d’ouverture, le FIFF choisit de surprendre son public et propose une surprise musicale. Et en Film de clôture ? Une surprise de plus, pour terminer le 35e FIFF en beauté.
Compétition internationale : Longs métrages, embarquement immédiat
« Dans notre Compétition internationale, nous présentons douze films particulièrement forts et magistraux, qui ont parfois un peu perdu le fil de leur carrière à cause de la pandémie, et dont certains étaient initialement sélectionnés dans d’autres festivals. C’est une fierté de les présenter enfin comme il se doit, sur grand écran, au FIFF ! », commente Thierry Jobin, directeur artistique. Au programme, des (co-)productions de 23 pays différents : le film chinois Anima, tourné dans les forêts de la Mongolie intérieure, met l’humain face à la nature ; deux films japonais – A Balance, enquête sombre et haletante, et True Mothers, drame familial à fleur de peau de Naomi Kawase – ; deux films de Corée du Sud – l’absurde et drôle Voice of Silence et ses nettoyeurs de cadavres déconcertés face à une fillette (avec l’acteur star du petit et grand écran Yoo Ah-in), et le mélodrame romantique ultime, Josée, dont le réalisateur Kim Jong-kwan viendra à Fribourg compter les larmes des spectatrices et spectateurs. Adilkhan Yerzhanov séduit pour la quatrième fois le FIFF avec sa comédie Yellow Cat, dans laquelle son antihéros, qui se prend pour Alain Delon dans Le Samouraï, rêve de projeter Chantons sous la Pluie dans les plaines kazakhes. L’ironique Gaza mon amour, deuxième long métrage des jumeaux cinéastes palestiniens Arab et Tarzan Nasser, dresse un état des lieux inventif de la bande de Gaza. Bad Christmas (Argentine/Uruguay) est une comédie noire jubilatoire, tandis que le mexicain New Order, couronné d’un Lion d’argent à Venise, est une impressionnante et irréversible dystopie. La Nuit des Rois est une fable politique au cœur d’une prison ivoirienne, et le poignant Quo vadis, Aida ? brosse le portrait d’une femme au courage exemplaire à Srebrenica en 1995. L’impressionnante actrice Maryna Koshkina qui incarne une adepte de sports de combat dans l’ukrainien Blindfold fera le déplacement à Fribourg pour présenter le film.
Passeport suisse : part belle aux talents suisses
Si le FIFF s’intéresse au cinéma du Sud et de l’Est, il ne met pas moins en valeur les talents de notre pays, tout particulièrement dans la section Passeport suisse. Pas moins de 27 productions suisses sont au programme, notamment la première mondiale de l’un des documentaires les plus bouleversants jamais tournés, Love of Fate de Pierre-Alain Meier. Le Festival présente également en première le résultat, en quatre courts métrages, du voyage, début 2020, de douze étudiant·es de la HEAD – Genève au Mexique, dans le cadre d’un atelier supervisé par le grand cinéaste Carlos Reygadas. Le programme Prix Visa étranger propose d’inverser les rôles et regards, et soumet six courts métrages de jeunes talents d’écoles de cinéma suisses à un jury composé d’invité·es du Rwanda pour la section Nouveau territoire. Ce programme se voit doté du nouveau Prix Röstigraben, en collaboration avec les Schweizer Jugendfilmtage. Enfin, les Fribourgeois·es qui ont tourné des films musicaux pour conjurer la pandémie auront aussi les honneurs du grand écran.
Jurys, invité·es et grand public se rencontrent à Fribourg
La venue d’invité·es est plus complexe cette année en raison des restrictions sanitaires, mais plusieurs cinéastes et membres d’équipes des films seront bel et bien à Fribourg du 16 au 25 juillet pour présenter leurs œuvres. Grâce aux connexions virtuelles, certain·es cinéastes rencontreront également le public à l’issue des projections. FIFForum propose également des conférences et rencontres entre le public et les professionnel·les du cinéma, des événements tous libres d’accès. Parmi les invité·es de cette année, le Festival est heureux d’annoncer les noms des membres du Jury international : pour les longs métrages, l’autrice, compositrice et interprète biennoise Phanee de Pool, le fondateur du groupe Nouvelle Vague et cinéaste français Marc Collin, ainsi que la réalisatrice et productrice Eylem Kaftan (The Hive). Du côté courts métrages, le Jury est composé de la musicienne bâloise Anna Aaron, de la cinéaste, journaliste, photographe et scénariste de bande dessinée Eileen Hofer, ainsi que du réalisateur suisse Pierre Monnard (Platzspitzbaby).
Un FIFF en présentiel en toute sécurité, puis des prolongations en ligne
La 35e édition du FIFF sera accessible pour le plus grand nombre, en tout sécurité. Jusqu’à nouvel avis, et sans certificat Covid exigé, les salles pourront accueillir la moitié de leur capacité. Après l’annulation de 2020 et le report de cette année, l’équipe du FIFF s’en réjouit. Elle sera testée régulièrement, et le public est simplement invité à respecter les mesures en vigueur. Fidèle à son souci de médiation, le Festival n’oublie pas les personnes empêchées de venir dans les salles pour des raisons sanitaires, économiques ou autres : il utilisera le numérique pour mettre en ligne une partie de sa programmation après le Festival, dès le 26 juillet et jusqu’au 15 août. Pour le public suisse, une quinzaine de films de diverses sections seront accessibles durant deux semaines à CHF 10.– par visionnement. « Le 35e FIFF ne sera pas hybride, il sera d’abord et avant tout présentiel, puis offrira des prolongations avec un pan digital en guise de bonus. L’équipe se bat depuis presque deux ans pour cette édition, et nous resterons fidèles à nos valeurs. Le plaisir de partager la découverte de films sur grand écran est toujours notre priorité », conclut Mathieu Fleury, président du FIFF. Nul doute que cette 35e édition estivale n’a pas fini de réserver de belles surprises.