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S’essayer à la critique

Atelier d'écriture de critique de films à MEMO, Fribourg

Pendant la semaine du Festival de mars 2023, deux groupes de personnes ont participé à des ateliers d’écriture de critique de film. L’un des ateliers a été organisé par MEMO après une projection de El Castigo. L’autre est le fruit d’une rencontre entre le Jury des jeunes Comundo et le Jury de la critique.

1. MEMO

Le samedi 18 mars, un groupe d’une dizaine de personnes s’est retrouvé au cinéma ARENA pour la projection du film en compétition El Castigo de Matías Bize. Le groupe s’est ensuite rendu à MEMO pour suivre un atelier donné par Camille Mottier, responsable de la médiation culturelle à la bibliothèque et ludothèque de la ville. Les textes rédigés par les participant·es sont disponibles ci-dessous.

Les textes

  1. Die verlorene Familie
    Von Erina Krasniqi und Liya Da Gama Folly 
    Der Film redet über eine Familie, wo irgendwo im nirgendwo liegt. 
    Die Eltern eines 7-jährigen Jungen haben ihn bestraft, weil er die Augen seiner Mutter zugehalten hat mit seinen Händen, während sie das Auto steuert. 
    Ich als Kind könnte auch mega Angst haben, wenn ich irgendwo im nirgendwo bin und ich nicht mal weiss, wo ich bin.
    Mir hat es ein wenig gefallen, weil man sich viel vorstellen konnte, aber was für mich fehlte war Musik.
     
  2. Kritik von « El Castigo »
    Von Morea Krasniqi
    Die Eltern haben ihren Sohn im Wald gelassen. Der Junge hatte der Mutter die Augen zugehalten. Dann haben die Eltern ihn so viel gesucht. Der Junge wollte Fotos machen, ist um den Wald gegangen und hat sich verloren. Ich hatte Angst, dass sie ihn nie mehr finden und ein Tier ihn tötet, oder dass ein Mensch ihn für immer mitgenommen hatte.
     
  3. Sans répit ni repères aucuns: l’enfant disparu
    Par Sonia Mendes
    Ici, un no man’s land qui déroute et où se déchaînent les troubles d’une famille. Si le propos et le jeu d’acteur résonnent avec justesse, d’aucuns trouveront peut-être ce film par trop pesant.
    Ana (Antonia Zegers) décide de laisser son fils Lucas au bord d’une route traversant une forêt suite au comportement excessif de l’enfant lors d’un trajet en voiture. Il est viscéralement rebelle, peut-être atteint d’un TDAH. Avec Mateo, le père (Néstor Cantillana), Ana prend rapidement le chemin inverse pour le retrouver. Mais Lucas n’est plus là. Pendant 86 minutes de tension, le film tourné en plan-séquence nous fait suivre les parents cherchant désespérément leur fils.
    « Je suis une bonne mère » : Ana incarne et serine cette phrase qui rythme l’oeuvre crescendo, trahissant ses fêlures. Les mouvements de caméra, souvent instables, et les changements de plan traduisent avec acuité le va-et-vient entre la psyché tourmentée des parents, excellents acteurs, et l’espace immense face à eux. A coup sûr, ce film peut susciter l’empathie du public, pressé comme les personnages par l’incertitude.
    Le réalisateur, Matías Bize, empoigne des questions actuelles et montre avec lucidité un tabou: les ressorts humains, éducatifs et relationnels complexes de comportements excessifs souvent médicalisés et étiquetés TDAH. Bémol: le scénario perd en crédibilité à la dernière partie. La place consacrée à l’analyse familiale affaiblit le réalisme de la chronologie des événements et prend le pas sur l’histoire.
    En effet, c'est un secret d’Ana sur sa relation à son fils et son dévoilement qui sont mis au centre de la construction du film. Et Lucas apparaît presque subitement, comme par hasard, suite à l’aveu de sa mère. Le réalisateur veut à tout prix révéler l’entier du mystère. Mais ce genre de film, s’apparentant beaucoup à un documentaire, se devrait peut-être de livrer, aussi et avant tout, une intrigue plus réaliste.
    Moult scénarios seraient possibles et plausibles afin de pouvoir également dévoiler le mystère de la mère - de manière moins calculée - en construisant par ailleurs d’autres formes de suspense. Suite à l’aveu d’Ana, Mateo et elle auraient ainsi pu continuer de chercher leur fils; cela permettant de plus de suivre les tensions croissantes entre les parents. 
    Ce film est donc certes taillé pour captiver un large public. Mais si le traitement de cette thématique tient en haleine, d’aucuns le trouveront sans aucun doute suffocant.
  4. Un manque de communication ?
    Par Tony Lo
    À consulter en PDF
  5. El castigo : L’acte manqué révélateur d’une vérité indicible
    Par Alexandra Christelle Nydegger Cortès
    À consulter en PDF

 

2. Jury des jeunes Comundo

Le FIFF accueille depuis de nombreuses années un jury composé de jeunes de 18 à 25 ans. Au fil des rencontres de la semaine du Festival, ce jury, soutenu par Comundo, a pu organiser une séance avec des membres du Jury de la critique de sorte à s’initier à l’écriture de critique de film. Trois des textes écrits à cette occasion sont présentés ici.

Les textes

  1. Nezouh, le déplacement des âmes, de l’eau, des personnes
    Par Eileen Mosca
    « Un film en Syrie où personne ne meurt ?». La réalisatrice Soudade Kaadan arrive à raconter une histoire émouvante et poignante d’une famille vivant sous les bombardements, dans un pays tourmenté par les conflits et la violence comme la Syrie.
    Zeina, jeune fille de 14 ans, est confrontée, avec ses parents, aux misères d’une guerre soudaine. Une guerre qu’ils n’ont pas choisie, mais qui change à jamais le cours de leurs vies. Entre un père qui veut rester dans sa maison (dans son pays), quitte à couvrir les trous dans les murs et le plafond avec des couvertures fleuries, une mère qui essaye de le soutenir, mais qui veut protéger sa fille et pense à son avenir, Zeina vit ses émotions entre espoir et innocence, en regardant les étoiles depuis son lit (par le trou dans le toit de sa chambre) et en se liant d’amitié avec son jeune voisin Amer.
    Un récit qui ne tombe pas dans la déprime, malgré le décor et le contexte négatif dans lesquels il se développe. La lumière qui rentre par les trous créés par les obus accompagne tant les conflits réels que les conflits intérieurs des personnages. La vie doit continuer. Malgré tout. Même avec des choix forcés.
    J’ai été frappée à la foi par l’attachement de Mutaz (le père) à sa terre natale, la force et la détermination de Hala (la mère) et l’optimisme de Zeina, forcée à grandir trop vite dans une réalité tellement loin de notre quotidien. Toutes ces émotions, ces perspectives différentes ne cessent de nous suivre, même après que le générique finit d’illuminer la salle.
  2. Harka, Lotfy Nathan, 2022
    Par Olivia Kuhnen
    Harka est une expérience d’une intensité brûlante qui nous kidnappe émotionnellement dans le quotidien d’Ali, un jeune Tunisien en butte à la corruption. Celui-ci ne possède ni travail ni formation et se retrouve soudainement à devoir payer les dettes de son père. Le seul échappatoire semble être l’exil vers une Europe pseudo salvatrice. Ali cherche de l’aide mais aucune main n’est tendue, le conduisant alors à se laisser consumer par sa rage. Malgré la fatalité du sujet, il n’est pas question pour le réalisateur Lotfy Nathan de tomber dans une simple description factuelle et dans un misérabilisme dégoulinant. Au contraire, celui-ci nous livre, grâce à la beauté poétique de la mise en scène et grâce à la performance époustouflante d’Adam Bessa, une métaphore frappante de l’insensibilité, du déni et de la figure du martyr contemporain qui semble difficile à oublier.
  3. Plan 75, Chie Hayakawa, 2022
    Par Alex Krumm
    Le Plan 75 est un programme encourageant le suicide chez les personnes âgées. C’est là la proposition de la réalisatrice japonaise Chie Hayakawa pour dénoncer un libéralisme extrême qui sacrifie une population vieillissante au profit d’un utilitarisme total.
    Malgré le sujet – le suicide proposé aux plus de septante-cinq ans – le traitement se fait dans une sobriété maîtrisée de bout en bout. Les plans se languissent sur les personnages dialoguant sur ce qui est le quotidien pour eux, mais scandaleux pour le spectateur. Les personnages, que ce soient les personnes âgées signant leur suicide ou les employés du Plan 75, ne hurlent ni même ne haussent la voix, tout le monde adopte un ton monotone sous la lumière terne des appartements, ou la lumière froide des établissements.
    Le film tient son spectateur à distance et la mise en scène reste glaciale. Nous ne pouvons que nous révolter face à cette future possible banalité et espérer une bribe de chaleur, grâce aux personnages navigant dans ce système inhumain, à travers ce cynisme visuel et scénaristique.
image en background

Conception et développement: Agence MiNT

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