Sous-titres allemands et français pour la quasi-totalité de ses 127 films, déploiement dans douze salles au lieu de six pour le confort du public, collaboration avec cinq lieux de restauration au lieu d’un seul : ce vendredi soir, le Festival International du Film de Fribourg (FIFF) a ouvert une 36e édition ambitieuse devant une salle comble. Après deux années chamboulées, le FIFF démarre sur les chapeaux de roues avec la première suisse du film d’action politique haletant Escape from Mogadishu, candidat aux Oscars pour la Corée du Sud qui sera ensuite projeté toute la semaine en 4DX. Durant la Cérémonie d’ouverture, le Conseiller fédéral Alain Berset a rappelé le rôle essentiel du FIFF comme « autant de fenêtres grandes ouvertes sur le monde ». Tant d’éléments de réjouissance qui contrebalancent la mauvaise nouvelle survenue jeudi soir : Pierre Richard, testé positif au Covid-19, ne pourra malheureusement pas être présent à Fribourg pour rencontrer le public du FIFF.
Ces deux années de pandémie n’ont pas seulement bouleversé les habitudes du FIFF, qui retrouve enfin ses quartiers printaniers, du 18 au 27 mars 2022. Cette période a également polarisé le débat et exacerbé les tensions, au détriment de la richesse des échanges. Ayant pour vocation première de rassembler et d’inviter à la discussion, le FIFF rallume les projecteurs et convie aux retrouvailles. Selon les paroles du Conseiller fédéral Alain Berset durant la Cérémonie d’ouverture, « le FIFF est un instrument de lutte contre l’abrutissement général, ses écrans sont autant de fenêtres grandes ouvertes sur le monde, qui aèrent nos têtes et libèrent nos esprits ». Le directeur artistique du FIFF, Thierry Jobin, a rebondi sur ces propos : « Les faits les plus établis et les preuves scientifiques les mieux documentées semblent ne plus parvenir à générer un consensus et des objectifs communs. Même celles et ceux qui mènent des combats identiques, notamment contre les discriminations ou l’avenir de la planète, ont des difficultés à se parler sans s’invectiver. Il faut que nous retrouvions le plaisir de la discussion et du débat ». Rassembler, c’est l’une des missions du FIFF, notamment lorsqu’il s’agit d’inclure le public le plus large possible, avec des collaborations renforcées ou encore en ouvrant grand les bras au bilinguisme. C’est l’un des objectifs de cette 36e édition, comme l’a souligné le président de l’Association du FIFF Mathieu Fleury : « Le FIFF retrouve enfin le plaisir d’une édition ‘’normale’’. Malgré des ressources financières qui restent sous pression après deux années de bouleversements, le FIFF a trouvé des relais de croissance pour se développer en ville de Fribourg, pour parfaire son bilinguisme ou encore pour s’étendre dans le canton, en particulier à Bulle ». La Conseillère d’État du canton de Fribourg Sylvie Bonvin-Sansonnens s’est réjouie du nombre de jeunes que le FIFF convie dans les salles de cinéma grâce au programme scolaire Planète Cinéma : près de 11'000 participant·es de 4 à 25 ans cette année.
La cérémonie d’ouverture a été ponctuée d’un moment musical émouvant avec la musicienne ukrainienne Zoryana Mazko, qui vit en Suisse. Accompagnée de sa bandoura, un instrument de musique traditionnel, elle a permis un temps de recueillement en hommage aux victimes de la guerre en Ukraine.
Le film qui ouvre le FIFF parle d’entraide entre des nations voisines, et résonnera forcément d’une manière particulière compte tenu de l’actualité internationale. Situé au début des années 1990 en Somalie, c’est un tout autre contexte géopolitique que propose Escape from Mogadishu de Ryoo Seung-wan, présenté en première suisse au FIFF. Alors qu’une guerre civile fait rage, des représentant·es des ambassades rivales de Corée du Nord et de Corée du Sud doivent coopérer pour fuir la capitale somalienne. Inspiré de faits réels, ce film est le candidat coréen à l’Oscar du meilleur film étranger 2022. Il mêle film politique et d’action avec maestria, et sera diffusé toute la semaine du Festival en 4DX pour le public amateur de sensations fortes, en version originale sous-titrée en anglais.
